17 septembre

Le jour se lève. Il fait un froid de canard. On décide de faire du feu. Chacun se plaint aussi du manque de ravitaillement.

Nous recevons un mot du colonel disant d’envoyer les cuisiniers avec un sergent major et les caporaux d’ordinaire* ainsi que des hommes de corvée pour toucher les vivres. Les hommes de corvée amèneront le vin, le pain, etc… Les cuisiniers prépareront les vivres et les monteront.

Lannoy, de la 5e compagnie, part comme sergent major. Il commence à pleuvoir. C’est réellement de la malchance.

Après tout le défilé des cuistots, etc., ce sont ceux du 120e qui passent. Cela nous distrait un peu. Ceux-ci nous disent que notre feu amènera des obus. On rit.

Quelques obus tombent de temps en temps mais loin de nous, en plein bois.

Le capitaine Aubrun, de la 5e, envoie notes sur notes au sujet de son manque de liaison avec la 6e dont il accuse le capitaine commandant Claire de mauvaise volonté, de peur, etc., disant qu’il ne répond de rien et signalera le capitaine Claire au commandement.

Après avoir tergiversé avec Claire et Aubrun par écrit, Sénéchal, vers 11 heures se décide à boucher le trou par un peloton de la 8e compagnie. Mais Aubrun et Claire ont brisé leur amitié ; ils s’en voudront à mort.

Vers midi, la pluie cesse. Cela suffit d’ailleurs amplement, nous sommes percés et ne sentons plus notre estomac. C’est un jeûne de trente-six heures au moins.

L’après-midi se passe à tâcher de rallumer du feu et à se sécher. Je communique quelques ordres. Le capitaine est toujours au même endroit. Il souffre beaucoup du froid, de la faim et de la soif. Je vois aussi le sous-lieutenant Simon qui se trouve près de la section* de mitrailleuses en embuscade. section_mitraill3Le capitaine me dit de me coucher quand je suis près de lui, car les balles sifflent à tout bout de champ.

Dans mes pérégrinations à travers bois, je m’attends toujours à rencontrer un boche. Aussi, j’ai mon arme prête à faire feu.

Le soir tombe sans changement. Nous coupons des branches afin de faire une espèce d’abri de feuillage. La pluie arrive sur ces entrefaites, une pluie désagréable au possible certes, nous étions à moitié secs et voici de nouveau que nous sommes percés.

On se met sous le feuillage, on se couvre de son mieux. L’eau tombe toujours et c’est l’obscurité complète.

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