25 octobre

Retour à Florent

Je n’ai fermé l’œil de la nuit à cause de la vermine qui grouille dans la paille. C’est terrible ! Impossible de se débarrasser plus de deux jours de ces bestioles !

Au petit jour, je suis debout pour me nettoyer de nouveau à fond.

Les notes sont toujours nombreuses. On se demande qui peut « pondre » tout cela. Nous sommes à présent deux agents de liaison* par compagnie aux tranchées, nous demanderons, si cela continue à être, deux au repos.

Aujourd’hui dimanche, il y a grand-messe à 10 heures. Une grande affluence de troupes s’y rend. L’église est plus que comble. L’aumônier divisionnaire qui est chanoine chante la messe. À l’évangile, il prononce une magnifique allocution. On l’écoute religieusement. Je suis avec mon cousin Louis. C’est la premières fois depuis le début de la campagne qu’il m’est donné d’entendre réellement une messe chantée avec sermon. Je songe aux miens qui sont bien loin de moi et que peut-être je ne reverrai jamais. Je suis ému jusqu’au fond de l’âme et prie avec ferveur. Tous les officiers sont là. Le respect humain n’existe pas. À la sortie, chacun stationne. On cause par petits groupes. Le temps est maussade cependant. Puis la foule s’écoule et chacun va à son repas.

À la sortie de l’église, je vois Jean Lotthé qui est rentré guéri de ses blessures d’août. Il n’a aucune nouvelle de son frère Louis, notre ami commun, qu’il croit avoir été tué le 28 août à la bataille de Beaumont.

Gallica-messe2Je reçois, nouvelle joie, une lettre du 11 (?). On me rassure sur la chère maison et je suis pour le reste de la journée tout à la joie. Dans l’après-midi, nous touchons quantité des chemises, chandails, etc… J’hérite d’un gilet de chasse que je mets immédiatement et qui me plaît beaucoup. Petit à petit, ma garde-robe se remonte.

Le soir cependant, au coucher, je ne rentre plus à la grange. Je m’étends sur un vieux sac qui me sépare des pierres qui forment le sol de la remise. Un havresac pour ma tête, une serviette autour de la tête, deux couvertures. Naturellement le sommier n’est pas moelleux, mais au moins la vermine ne m’atteindra pas. Je suis seul dans la remise. De ce fait, du moins, personne ne me dérangera.

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