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19 décembre

Relève des tranchées

Dans la matinée, nous accompagnons le capitaine Sénéchal dans la visite du secteur. Comme il commence par ma compagnie, j’ai le grand avantage d’être libre aussitôt.

Je rentre donc, passant par le cimetière qui se trouve près du parc du château et constate que les lignées s’accumulent.

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Topo La Harazée – Tome I – Plan dessiné par Émile Lobbedey

Pauvres héros qui dorment là leur dernier sommeil, parmi lesquels bon nombre des nôtres et en particulier le cher lieutenant Lambert, sur la tombe duquel une couronne du 147e, mélancolique puis-je dire, a l’air de vous demander une prière pour le brave, victime du devoir. Je quitte rapidement car c’est bien triste.

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Le capitaine Sénéchal rentre vers 11 heures. La popote* est prête, chacun est rentré, nous cassons la croûte.

Au milieu du repas une note arrive. C’est le retour à Florent pour l’après-midi même. Notre joie est grande et cela se comprend car depuis quelque temps c’est le repos avec des alternatives de position de seconde ligne.

Vers 3 heures, je quitte ; de nouveau Gallois reste avec le capitaine commandant ; je ne dis rien : au moins ma compagnie en profitera et sera la mieux logée.

Sans encombre, vers 5 heures, j’arrive à Florent avec les fourriers des 6e ,7e et 8e compagnies, Menneval, Sauvage et Carpentier. Jombart et Gauthier sont de la bande.

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Topo Florent – Tome IV – Plan dessiné par Émile Lobbedey

Je vais au bureau de la place ; on me donne le même secteur. Grande est ma satisfaction ; le cantonnement de ce fait est fait de lui-même. C’est la rue A (voir topo Florent Tome IV).Je m’installe donc dans notre ancienne demeure et Gauthier s’ingénie à faire popote aussitôt, cependant que je sors de nouveau afin de trouver peut-être un logement convenable pour mon capitaine en dehors de la popote. Je suis assez heureux de rencontrer le docteur Mialaret, médecin major de première classe, au régiment. Celui-ci quitte car deux bataillons, les 1er et 3e, montent en première ligne ce soir.

Nous ne tarderons pas à les suivre de nouveau, me dit-il. Il me cède donc sa chambre, une chambre très convenable au rez-de-chaussée.

Le bataillon arrive vers 6 heures. Je le reçois. Le capitaine Sénéchal loge toujours au presbytère ; Jombart s’en est occupé, tandis que je suis tout fier d’offrir le logement rêvé au capitaine Aubrun qui se dit très satisfait.

Dans la soirée, tandis que nous mangeons, une pluie torrentielle tombe sur le patelin. On ne tarde pas à s’étendre côte à côte dans la paille, heureux d’être à l’abri pour ce soir.