Archives de catégorie : Partie 1 – Chap. 5

15 septembre

Nous quittons au petit jour et reprenons la grand-route de Vitry-le-François vers Sainte-Ménéhould. Le temps est gris, il pluvine un peu. La troupe recommence à sentir les mêmes fatigues qu’au moment de la retraite. Depuis longtemps nous portons le sac, ne voulant pas le confier à des chariots, avec neuf chances sur dix de ne plus le revoir.

Beaucoup ont un sac boche et en majeure partie, tout le monde a un sac.
Mais que contient-il [1] ? Peu de linge certes ; quelques provisions bien maigres peut-être. Enfin, on a un sac qui est comme un ami, son chez soi, dans la dure vie que nous menons. De plus, c’est commode, cela vous sert d’oreiller la nuit et de siège dans les pauses et les grands stationnements.

Nous revoyons bientôt des endroits qui nous reviennent à la mémoire, en particulier la gare de Sainte-Ménéhould et le pont que nous traversons.

CP-SteMenehould-pontExtrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Nous faisons la pause. Il peut être 8 heures et demie. Nous repartons bientôt et traversons la ville.

À l’entrée d’une rue, des jeunes filles ont leur tablier rempli de fruits.

En deux minutes, c’est distribué. Un peu plus loin, nous passons devant un établissement d’éducation hospice ; les bonnes sœurs sont à la porte avec des paniers remplis de tranches de bon pain. La séance recommence. En deux minutes, c’est enlevé. Je leur dis de songer à la queue de la colonne qui n’a jamais rien.

Nous sommes dépourvus de tabac depuis deux jours. Le cycliste file dans toutes les directions. Il nous rejoint à la sortie de la ville, bredouille. Les débits sont fermés et deux ouverts étaient vides. Cela pèse beaucoup aux fumeurs.

Nous faisons une longue pause à la sortie. Il peut être 10 heures. La ville commence à s’animer ; à notre passage, en battant en retraite, c’étaient le deuil et la mort. A défaut de tabac, nous avons quelques bouteilles de vin ; on les boit avec le bout de pain des bonnes sœurs et les fruits des habitants.

Il est midi quand nous repartons. Nous filons vers on ne sait où. Toujours en avant ! Il y a quelque temps, c’était la fuite éperdue.

À différentes reprises, nous faisons de longues pauses. On dirait que l’ennemi est proche. Nous arrivons bientôt à La Neuville-au-Pont que nous traversons sans nous arrêter.

Des patrouilles* circulent en tous sens.Gallica-patrouille

Nous avons à gauche un petit bois qui est fouillé ( ?). Nous faisons une nouvelle pause durant laquelle une patrouille amène un boche qui peut à peine se tenir debout.

PrisonnierAlld Il déclare au sergent Gibert, interprète, qu’il a été abandonné là ce matin. On lui prend ses armes, des boutons, etc. Il se laisse faire en souriant et a l’air d’être content. C’est une « bonne patte ». On l’amène avec nous. Les boches ont, pour protéger le canon de leur fusil de la pluie, un petit système posé sur le bout du canon. EmboutFusilAlldLe chapeau de cet appareil peut s’ouvrir pour tirer.

C’est la première fois que nous voyons cela et le boche en souriant nous montre le système.

Bientôt, nous nous arrêtons longuement. Le soir va tomber. On se demande ce qu’on va faire.

Enfin, nous partons, fourriers* ensemble, vers un village distant de 4 km afin d’y faire le cantonnement*. Des troupes y sont déjà. Il peut être 8 heures. À la mairie, on a quelques indications sur le coin désigné par l’état-major pour nous.

Vers 9 heures, une lanterne à la main, je reçois la compagnie sur la route. Tout le monde s’installe. Il pleut un peu. Pas de ravitaillement. Le village doit être Vienne-la-Ville.CP-VienneLaVille4


[1] Le Havresac et son contenu : en savoir plus à cette adresse http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme-equipement.htm#havresac

 

14 septembre

Dans la nuit, il y a alerte. Nous restons équipés une heure, prêts à partir. Nous pouvons bientôt nous recoucher. Il pleut toujours ; nous sommes mouillés et grelottons de froid.

Enfin, au petit jour, nous partons vers Saint-Jean-de-Possesse.

Toute la nuit, ce fut un passage d’artillerie. CP-artillerie_montee_routeCe matin encore, à notre départ, beaucoup de caissons sont arrêtés. La pluie a cessé. Mais nous n’avons pas fait quelques kilomètres qu’elle reprend de plus belle. Nous traversons Vernancourt. Nous sommes tellement trempés que cela nous fait presque rire.

Tout est au plus détrempé. Nous faisons une pause sous la pluie qui ne cesse de tomber. Je réussis quand même à allumer une cigarette grâce à un sac que j’ai trouvé au passage à Vernancourt et dont j’ai couvert mes épaules. Fumer à présent me console, mais le tabac est rare et ma provision s’épuise.

Bientôt, après avoir traversé Saint-Jean-de-Possesse, nous sommes sur une route plus grande et mieux faite. À Saint-Jean, nous avons fait une longue pause ; je suis entré dans une maison le long de laquelle on s’abritait ; un homme seul y était. Il me donne une poire, c’est tout ce qui lui reste. Les boches ont tout pris. Ils sont partis hier soir à 6 heures. La pluie tombe toujours, c’est à crever.

Bientôt pourtant, il peut être 9 heures, nous avons une éclaircie. Il est 10 heures quand nous passons à Possesse. Rien à trouver, tout a été saccagé ou pris. On commence à avoir l’estomac dans les talons, car le ravitaillement a fait défaut hier soir. Cela commence à devenir le même système qu’à la retraite.

Nous continuons sur Saint-Mard. Pleins de courage, on marche ; la pluie a cessé et le temps s’éclaircit, tant mieux !

Nous arrivons vers 11 heures et demie à Saint-Mard. A l’ouest du village, nous faisons une grande halte. Un paysan déclare au capitaine Sénéchal qu’il donne ses prunes encore sur les arbres aux soldats. Accepté. On en abat. Il n’en reste bientôt plus. La liaison, grâce à Gauthier, le clairon, allume du feu et bientôt nous mangeons une excellente compote de prunes. On se repose au soleil. Un papier nous arrive avec des nominations. De Juniac est nommé adjudant du bataillon.

Marcher nous réchauffe et nous marchons avec ardeur. Vers 2 heures et demie, nous arrivons à Givry-en-Argonne. Nous nous arrêtons près de la ligne de chemin de fer. Le soleil donne. Nous faisons une grande halte qui servira à nous reposer.

Une demi-heure après, nous nous remettons en marche. Nous traversons le village assez conséquent et qui a été respecté. Les habitants sont sur le pas de leur porte et nous regardent passer.

On dit qu’on fait en ce moment du pain au pays. Un rassemblement de gens se trouve vis-à-vis d’une maison.

Défense formelle de quitter les rangs. On n’ose.

600 mètres au-dessus du village, Crespel le cycliste arrive avec un pain tout chaud. Il donne la moitié à la liaison. On partage. Chacun a un petit bout qu’il mange avec avidité.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Nous traversons bientôt La Neuville-aux-bois. Au centre du village, sur le bord de la route à gauche, assis sur une chaise, fumant la pipe, le général de division Rabier nous regarde passer. On défile crânement en rectifiant la position.

Il continue à faire beau. Le terrain sèche et nous aussi. Nous faisons une pause à la sortie du village.

Bientôt, en route, mais on commence à être fatigués. Heureusement que la route est bonne.

Voici le Vieil Dampierre où nous avons cantonné quelques heures à la retraite. On fait la pause. Nous voyons le curé qui nous fait un petit récit. Les boches, à leur arrivée, ont fait ouvrir l’église et l’ont fait monter devant eux au clocher. Il a logé des officiers au presbytère, en particulier un colonel allemand. Le soir, il les a entendus discuter à haute voix et nerveusement. Toute la nuit, le colonel s’est promené dans la chambre et ne s’est pas couché. Au petit jour, ils sont partis mais dans quel état. Des troupeaux arrivaient trempés, pleins de boue, déprimés, sans rien sur le dos, ni armes, ni sacs, ni équipement. Sur la route, artillerie, cavalerie, infanterie filaient, mélangées. Ce n’était qu’une fuite éperdue. Durant leur séjour, les boches ont saccagé toutes les habitations abandonnées, ne respectant qu’à peine celles dont les habitants étaient restés.

Un convoi de prisonniers passe, conduit par des gendarmes. On les regarde curieusement. Il y en a une centaine.

Gallica-PrisonniersAll2

Convoi de prisonniers allemands, pendant la grande offensive de Champagne.

Nous repartons bientôt. Le temps est splendide. Il fait sec. Il peut être 4 heures et demie. En route, je retrouve la borne kilométrique qui a frappé mon attention, « Vitry-le-François, 44 km ½ ».

Bientôt, nous arrivons sur une hauteur et voyons devant nous, à près de 4 km, des éclatements de shrapnels*.

On continue et, à 2 km de là, le régiment prend des positions dans les champs à droite et à gauche de la route. La liaison s’installe à droite le long d’une haie. Va-t-on bivouaquer là ?

On voit un tas d’artillerie et même quelques éléments d’autres régiments. On attend. Défense de s’éloigner pour quoi que ce soit. Le soir tombe. Enfin, vers 7 heures, le campement est formé. Nous partons sur Élise [Daucourt]. Nous sommes fourbus.

Nous arrivons bientôt dans le village. Nous rentrons sous une porte de grange, à droite à l’entrée du village, où nous subissons un long stationnement. Je vais immédiatement voir dans quelques demeures, tâchant de trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Les allemands sont partis dans la nuit, emportant tout. Je retourne sous la grange et me couche sur le sol, me serrant contre mes camarades qui sont déjà assoupis. Il fait un froid de loup et nous sommes à peine secs.

Vers 8 heures et demie, nous faisons rapidement le cantonnement*. Une heure après, le régiment arrivait, suivi du ravitaillement. Vivement, tout le monde se place. Ce n’est pas facile car les bougies et les lanternes font défaut. La popote* se fait en plein air, et bientôt, je puis avaler un bout de viande plus ou moins cuite. Je vais voir les cuisiniers des officiers qui me donnent un bon quart* de café dans la cuisine de la ferme où j’ai logé les officiers et leur popote. Il peut être 11 heures quand je m’étends dans le foin avec la liaison du commandant. Qu’il fait bon dormir ! Nos effets se sont séchés sur notre dos, nous nous blottissons les uns contre les autres pour nous réchauffer.


13 septembre – Chapitre V La poursuite

Dans la nuit, je communique au sergent major Lannoy l’ordre de départ pour 3 heures du matin. Il couche avec la liaison dans une étable.

À, je vais prendre le jus à la ferme où tout le monde est sur pied et les cuisiniers ont déjà allumé du feu : le café est bientôt prêt. Le capitaine tonne parce qu’il n’a pas été averti par sa liaison de l’ordre de départ.

Cafe-popoteLe temps est maussade. La pluie a cessé de tomber, mais les routes sont boueuses et les terrains détrempés.

En route, il recommence à pleuvoir un peu. Le capitaine Sénéchal se dit malade. Le colonel et son état-major nous dépassent.

Vers 6 heures, nous passons dans un village où se trouve rassemblé beaucoup d’artillerie. Ce doit être Serupt. Nous faisons des minutes de pause et repartons en tournant à droite. Le village, pas plus que Saint-Vrain, ne nous semble pas démoli.

Bientôt, c’est un autre village qui a bien souffert, Saint-Lumier. Nous continuons la route à la même vitesse que pendant la retraite, mais avec cette différence que nous sommes plus dispos et plus contents : on poursuit l’ennemi.

Il est 8 heures du matin. Bientôt le bruit circule qu’il y a un cadavre boche sur la route. En effet, bientôt, nous le rencontrons, étendu près du fossé.

CadavreAlld14-Marne

Cadavre allemand entre Villeroy et Neufmontiers – 1914

Nous rencontrons ensuite un artilleur qui déclare que nous verrons quelque chose plus loin.

En effet, bientôt, le long de la route, nous voyons une tranchée, puis deux, trois et plusieurs remplies de cadavres français et allemands mêlés.

Je vois un français et un boche, morts tous deux, s’étant mutuellement et en même temps enfilés à la baïonnette ; ils ont gardé la position de la garde et tiennent chacun leur fusil.

Tout le long de la route, cela continue ainsi. Les fossés, tous les 15 mètres, montrent un ou deux cadavres, amis ou ennemis.

CadavreAllds14-Marne

Cadavres allemands sur les champs de bataille de la Marne, près d’Etrepilly (C) Paris – Musée de l’Armée

Dans les champs, ce ne sont que nombreuses tâches, soit vertes (allemand), soit rouges (français), le tout faisant un mélange indéfinissable et horrible à voir.

Soudain, nous montons une colline. Presqu’à la crête, sur la gauche de la route, je vois une section de cinquante français, alignés par quatre, le fusil entre les mains, baïonnette au canon dans la position couchée. On dirait qu’ils dorment ; ils sont tous tués ; fauchés ont-ils sans doute été par une mitrailleuse.

CP-Maurupt4-0914Nous descendons vers un gros village. Ce sont encore des champs entiers où nous voyons des cadavres ennemis en très grand nombre, ainsi que beaucoup de chevaux tués et des caissons d’artillerie abandonnés.

Nous traversons le village de Maurupt. Un soleil d’été s’est levé. La route est sèche. Dans le village, nous voyons des fils téléphoniques coupés, des poteaux abattus et sur la place, une quantité d’obus non tirés, obus boches sans doute, et de douilles. Le village est entièrement démoli.

Gallica-Maurupt

CP-Maurupt2-0914
Nous faisons la pause et constatons qu’à part quelques murs encore debout, tout est rasé.

Des civils et des infirmiers militaires sont occupés à terrasser. Nous en voyons d’autres qui circulent avec des brancards, transportant des cadavres.

brancardier

Anonyme, La relève des cadavres et des blessés sur les champs de bataille de la Marne. Sept. 1914

Le long du mur d’une maison, nous trouvons un boche assis sur une chaise, occupé de plumer un poulet. Il est mort, asphyxié sans doute, et a gardé sa position.

Nous continuons notre route. Il peut être 11 heures.

Au sortir du village, nous faisons un coude à gauche. A droite, nous avons un talus. Au pied de ce talus, nous ne voyons que des cadavres français ; beaucoup sont tout noircis par la fumée d’obus ; beaucoup présentent d’horribles blessures.CP-Maurupt7-0914
Le long de la route, nous voyons quelques chevaux morts qui dégagent une odeur insupportable.CP-Maurupt3-0914
À gauche, d’immenses pâturages s’étendent, parsemés de boqueteaux : ce sont encore quantité de cadavres tombés dans la position de combat.

Nous apercevons quelques cadavres boches. En route, je ramasse un sac de soldat allemand. Il remplacera celui que j’ai perdu.

Tout cela nous donne, à chefs et soldats, de fortes émotions.

Vers midi, nous arrivons à Pargny-sur-Saulx.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Nous arrêtons assez longuement à l’entrée du pays. Une maison est ouverte. Je rentre par la cour et le jardin de derrière. Tout est au plus sale ; les boches ont fait leurs besoins partout. Dans l’intérieur de la maison, c’est le plus grand désordre. Dans un bureau, tout est saccagé et quantité de papiers jonchent le sol. Dans une autre pièce, les sièges sont cassés et une magnifique armoire à glace a été enfoncée à coups de bottes, des débris de glace jonchent le sol partout. Dans une troisième pièce, le linge jonche le sol, mêlé avec de belles robes, de grands manteaux et des chapeaux de femmes souillés et piétinés. Je trouve une paire de bas potables, je les mets au-dessus de mes chaussettes trouées. Pas de linge d’homme. Je me demande si un jour je saurai résoudre le problème de changer de linge avec une seule chemise pour toute fortune et il commence pourtant à être temps car je la porte depuis le 15 août. Dans la cuisine, quelques-uns font cuire des fruits, ayant réussi à allumer le feu. Je m’approprie un petit bouteiller boche que je place dans mon sac. L’aspect du pays est lamentable. Il ne reste rien que des murs calcinés. Nous traversons une rue entière : ce ne sont que murs noircis par l’incendie, rien n’a échappé.

CP-Pargny

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Pargny-sur-Saulx, images extraites de « Les champs de bataille de la Marne » – Gervais Courtellemont – 1915 (?)

Une chose qui me frappe et me restera toujours devant les yeux, est une poupée, les bras ouverts, qui est suspendue à une fenêtre du premier ; l’établissement est vaste ; et a l’air de nous regarder tristement passer. Comment est-elle là ? Ironie de boche ou ironie du sort.

Nous traversons bientôt [la] Saulx. Une auto est arrêtée près du pont, démolie. Près du pont, à droite, se trouve une maison d’automobiles qui a échappé à l’incendie mais qui est littéralement dévastée et saccagée.

Nous faisons halte à nouveau. Il est 1 heure de l’après-midi.

Le temps se maintient beau.

Dans l’après-midi, nous repartons et voyons bientôt des caissons d’artillerie en assez grandes quantités, abandonnés dans les champs. Dans un champ, à droite de la route, nous voyons des tables et quantité de chaises. Un peu plus loin, nous faisons halte près d’un bois, attendant de repartir. Bientôt, on appelle le campement des trois bataillons. Je pars en tête.

Nous montons une côte et arrivons bientôt dans un village que nous traversons. Beaucoup de gens du pays sont aux portes, ils nous saluent. Nous continuons vers Bettancourt-la-Longue où nous devons cantonner. Le village passé doit être Alliancelles.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Il peut être 5 heures quand nous arrivons. On s’installe dans un pré, sur la gauche, à l’entrée du village. Il commence à pleuvoir. On attend longtemps et nous nous mettons à l’abri. Bientôt, le cantonnement* est fait : je loge la compagnie dans une vaste grange de ferme, la popote* des officiers, le capitaine dans la maison d’habitation avec le lieutenant Lambert. Simon et Pécheux, dans une maison en face. Les habitants s’excusent, les allemands ont pillé pas mal. Ils sont partis la nuit précédente. Il ne cesse de pleuvoir, c’est un temps de bourrasque.

Bientôt, la compagnie est installée. La liaison, nous avons trouvé une modeste maison chaumière où habitent deux vieux qui n’ont plus rien et qui nous racontent quelques atrocités, toujours viols, commis au passage de l’ennemi. Nous partageons ce qui nous reste, un peu de café et quelques pommes de terre. Dehors, une pluie diluvienne ne cesse de tomber. On mange les pommes de terre, prend le café sans sucre. Heureusement que le feu de bois brûle bien et qu’il fait chaud. Je m’endors au coin du feu sur la table, en attendant le ravitaillement qui n’arrive pas. De guerre lasse, je pars dans la grange avoisinante où Jacques a trouvé un coin. On s’endort dans la paille, mais il fait froid. Quel temps !

Je songe aux miens. Jamais de lettres. J’écris de temps en temps une carte, un bout de papier. Cela arrivera-t-il ?