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29 octobre

Les brancardiers se dévouent. Il y a particulièrement une équipe qui y met du cœur. Toute la nuit, ils passent et repassent car de jour, il est dangereux, à part quelques exceptions, de procéder à toute évacuation.

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T’en fais pas mon vieux, tu la reverras ta mère… , lithogravure de Georges Bruyer – Source : http://www.dessins1418.fr/wordpress/

Le ravitaillement se fait bien également. Au petit jour, les cuisiniers des compagnies passent.

VienneLeChateau-APD0000693Vers 9 heures, j’apprends en communiquant que deux cuisiniers de la section* Culine, un peu en retard, ont voulu traverser quand même à découvert. Ils furent tués. Le capitaine est hors de lui.

Vers midi, j’apprends également la mort, d’une balle au ventre, d’un de mes bons amis, le caporal Gillet [1] de Vrigne-aux-Bois. Que de deuils !

Mon ami Carpentier dit que la 8e compagnie occupe une très mauvaise position et a affaire à des boches actifs et entreprenants.

À la 6e, un arbre se trouvait entre les deux tranchées. Les boches, à coups de mitrailleuses, le déchiquettent. La section est en mauvaise posture s’il tombe sur la tranchée.VienneLeChateau-APD0000696

En somme, le secteur est des plus mauvais. On fait une consommation énorme de bombes et de munitions. Le commandant nous fait dire de tirer moins, sinon, il déclare ne plus se tenir garant d’un approvisionnement régulier.

Je songe beaucoup à mon cousin Louis qui se trouve à la 8e compagnie. Le temps est toujours pluvieux.


[1] Gillet : il s’agit peut-être de GILLET Edmond indiqué comme originaire de Vrigne-aux-Bois. Voir ci-dessous la fiche Mémoire des Hommes qui, en dehors de la date de décès (1er novembre 1914 au lieu du 29 octobre) mais aussi du grade (sergent au lieu de caporal), pourrait correspondre.
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09 août

Avant-postes à Othe

Départ ce matin à 3 heures. Nous reprenons nos positions de la veille.

Le peloton de la Maisonneuve part en avant-poste à Othe, petit village situé à 6 km au nord de Marville.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Je suis désigné pour en opérer le ravitaillement que je dois faire chaque soir à la tombée de la nuit. Le mari de la maîtresse d’école où loge une partie de la compagnie, monsieur Raoul Gaillot, possède une petite auto qui est réquisitionnée par la gendarmerie et qu’il conduit. Il se charge d’amener avec moi le ravitaillement aux avant-postes.

Je rentre au village l’après-midi. Je porte le ravitaillement le soir. Une section se trouve en embuscade sur une route. Une demi-section en avant-poste en plein champ avec le sergent Rozoy ; une demi-section en observation sur une crête surplombant le village.

Au centre du village se trouve un pont gardé par quatre hommes et un caporal, le caporal Gillet de Vrigne-aux-Bois.