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11 août

Mangiennes

Vers midi, de la position qu’occupe chaque jour le régiment, la suite du colonel, qui se trouve à la lisière du bois, voit devant elle, en pleine campagne, dans la direction de Ham-les-Saint-Jean et Mangiennes, un fort rassemblement de cavalerie et quelques 75 qui se mettent rapidement en batterie [1].
Vers 14 heures, les 75 se mettent à cracher ; la cavalerie s’ébranle et disparaît derrière un mamelon.canon75Action
Je porte le ravitaillement aux avant-postes à Othe. La voiture de monsieur Gaillot n’étant pas disponible, le fils de monsieur Royer nous conduit, nos hommes de corvée* et moi, avec son chariot. Madame, au passage, nous donne une bouteille de vin qui est bien reçue.

Le soir, à mon retour du ravitaillement, je retrouve le régiment rentré au cantonnement*. On voit ensuite, sur une voiture d’ambulancier, quelques dragons* blessés et quelques tués. On les descend à l’école des sœurs.
Que s’est-il passé ?
L’échauffourée [2] s’est passée à Mangiennes où une division de cavalerie ennemie s’avançait vers nous.

Huszards allemands en reconnaissance.

Hussards allemands en reconnaissance.

Elle fut repoussée avec de lourdes pertes. On a fait appel au 91e d’infanterie* qui s’est distingué.

Défense formelle à partir d’aujourd’hui de coucher en dehors de son cantonnement de compagnie. Je continue quand même à coucher chez monsieur Royer.



[1] Batterie : Ensemble coordonné de canons, faisant partie d’un régiment d’artillerie.

canon75Batterie

[2] Échauffourée : Petit combat isolé.

08 août

La mise en état de défense du village est terminée. Aujourd’hui personne ne reste au village. On prend son sac. Beaucoup croient qu’on ne reviendra plus. On dit adieu aux quelques habitants qui sont levés. Il est 4 heures.

Le régiment change de position, face au sud-est. Nous filons sur la route de Saint-Laurent. Nous sommes sur une hauteur. Sans doute les tranchées* sont-elles occupées par d’autres troupes. On entre dans des bois de sapins où l’on se dissimule en position d’attente.

Devant nous, les privilégiés, les agents de liaison [1] au colonel, disent que s’étend une grande plaine sillonnée de bois avec, à gauche, à 6 km, un village, Mangiennes.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

A 8 heures, deux sections de la 5e compagnie partent en expédition sous le commandement du lieutenant Pougin de la Maisonneuve.

A 3 km en avant de notre position se trouve une ferme, on dit le fermier de nationalité allemande et espion.

Le peloton s’en va et se dissimule dans les blés, observant durant deux heures. La ferme est peu à peu encerclée. L’officier entre dans la cour de la ferme avec quelques hommes et surprend le fermier et sa fille dans leur maison d’habitation. On fouille les meubles. Dans le grenier, on trouve des effets reconnus pour appartenir à des uhlans* et des armes, le tout enfoui dans de la paille. On ramène le fermier et sa fille.

Le régiment rentre le soir à Marville. On apprend que la population a voulu faire un mauvais parti aux prisonniers. Ceux-ci ont été expédiés à Montmédy.

 


[1] Agent de liaison : Militaire chargé de transmettre ordres et informations au sein de l’armée, en particulier lors d’une opération qui rend impossible l’usage du téléphone.