De bonne heure, debout ! Vivement le débarbouillage !
Cela nous remet en place depuis que chaque jour nous pouvons normalement procéder à notre toilette. La vermine a complètement disparu.
Licour dévoué et heureux d’être exempt de service lave le linge et s’occupe de toutes les questions matérielles comme un volontaire modèle : j’y ai retrouvé tout le linge reçu à Florent et heureux suis-je de pouvoir être propre.
Après le chocolat, je pars avec Jaquinot et ma voiture à l’officier de détails. J’arrive dans Charmontois-l’Abbé en grand équipage et voit Bourgerie, un ami d’antan de Sedan, sergents fourriers à la C.H.R.* qui dit me servir aussitôt, heureux de se débarrasser de sa camelote le plus vite possible.
Pendant qu’on me sert je vois pour la première fois des aspirants qui viennent d’arriver. L’un de et chef de poste de police : Boutollot affecté à la 7e compagnie.
J’inscris donc que tout ce que je reçois et bientôt brodequins, chemises, chaussettes, caleçons s’entassent pêle-mêle dans la voiture. Jaquotte [1 Jacquinot ?] qui flânait depuis deux jours aura du travail à ranger tout cela.
Nous touchons jusqu’à du fil, des aiguilles, du galon etc.… Je file avec toute ma marchandise. Au passage les gendarmes me saluent, riant de me voir marchand de nouveautés.
À ma rentrée je rends compte à Gallois par écrit de ce que j’ai touché et envoie Jamesse avec ceci le chargeant également de monter le magasin.
Il est 10 heures. Je vois revenir la compagnie de l’exercice sous le commandement du capitaine Aubrun à cheval. Celui-ci descend et vient nous trouver.
Lannoy par lire le rapport. Je demande au capitaine de supprimer l’exercice de l’après-midi pour les distributions d’effets. Accepté. Je cours rejoindre Lannoy. Donc cet après-midi section par section à intervalle d’une demi-heure, distributions à partir de 2 heures, gradés présents.
Nous prenons notre repas à 11 heures, un peu plus tranquilles que la veille. Mascart vient cependant nous harceler au café. C’est une note du colonel qui déclare que les galons doivent être placés sur les manches de telle façon, suit le modèle, et non à la capote et à la tunique entre le 2e et le 3e bouton selon les ordres d’antan du colonel Rémond. Bon !
Le galon doit avoir 0,09m et les galons rouges sont remplacés par des noirs.
Je reçois un peu de courrier. J’ai toujours de bonnes lettres de ma famille, mais depuis hier seulement. Une seconde lettre aujourd’hui avec une carte de mon camarade le sergent Noël qui est en traitement et se dispose à rejoindre bientôt le dépôt. Le courrier avec notre déplacement à eu quelque retard. À présent tout est normal.
Je passe mon après-midi au magasin ou ayant en main l’état du manquant par section je procède aux distributions. Je reçois la visite du sous-lieutenant d’Ornant qui timidement vient essayer une paire de souliers.
Enfin à 4 heures mon magasin est vidé, et tout le monde n’est pas servi loin de là.
À mon retour je trouve le capitaine Aubrun au bureau. Celui-ci fait demain du service en campagne ; 7 heures, rentrée 10 heures. L’après-midi revu à 3 heures des capotes nouvellement galonnées. Repos pour le reste de la compagnie. Aussitôt le capitaine parti, nous bouclons tout et filons chez La Plotte. Nos amis n’y sont pas. Nous continuons, entrant en passant à l’épicerie, vers le coin de Culine. Nous y rencontrons nos amis occupés à jouer aux cartes. On s’attable, on raconte l’affaire des galons, du service en campagne pour demain et on trinque à la victoire.
Gaiement nous rentrons chez nous. Il fait un froid de canard. Depuis notre arrivée ici, il gèle à pierre fendre.
La soirée se passe gaiement et se termine par quelques chansonnettes.
[1] Jaquotte : s’agit-il d’un surnom donné à Jaquinot ou d’une erreur de nom ? Toujours est-il qu’aux dates du 26, 27 et 28 janvier le nom Jaquotte est rayé dans le cahier et remplacé par Jaquinot. Sauf ici dans une phrase ! S’agit-il d’un oubli de correction de la part d ‘Émile Lobbedey ?