4 mars – Chapitre III

Chapitre III
Mesnil-les-Hurlus – Le calvaire

(voir topo tome I)


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Plan dessiné par Émile Lobbedey – Tome VIII

Je me réveille au petit jour. Aussitôt je me rends compte de l’endroit où je me trouve, car des obus de canons revolvers me passent sans cesse au-dessus de la tête.

Le temps a l’air de s’adoucir un peu. Je sors de mon trou qui n’est autre qu’une grotte un peu plus profonde que les autres, où je peux tenir allongé, recroquevillé sur moi-même.

Il y a quelques grottes comme la mienne où je trouve Sauvage, Verleene, Crespel, Cailliez, Frappé, Garnier, Brillant. René mitrailleur est resté au Trapèze, les mitrailleuses ne nous suivant pas. La liaison a diminué un peu. Je fais connaissance avec l’ordonnance du capitaine Delahaye qui est flamand et avec qui je cause dans cette langue.

Le boyau que nous occupons est un cul de sac.

Je vais voir Gallois qui se trouve dans un petit abri en face de l’abri du capitaine Delahaye. Crespel d’ailleurs qui n’est pas très brave va le rejoindre, se croyant plus en sureté là-bas qu’ici.

Je vois aussi l’abri de notre chef de bataillon qui a avec lui des téléphonistes.

Je visite également Paris le médecin auxiliaire qui se trouve a deux pas de nous avec des brancardiers.

Le secteur est calme. Il est 9 heures, nous sommes peu marmités à part les obus de canon révolver qui rasent le parapet. Il faut donc sortir le moins possible et baisser la tête dans les boyaux. Vers 10 heures nous recevons la visite de Gauthier qui nous apporte la popote. Il est le bienvenu et aussitôt chacun prend sa part et mange de bon appétit. Gauthier nous dit qu’il n’a plus revu Jombart qui sans doute se cache à Wargemoulin.

L’après-midi se passe à écrire chez soi. Enfin je commence à croire que nous avons trouvé le bon coin ici. Nous n’avons reçu encore aucun obus. Quant au canon revolver, c’est par instant qu’il tape.

Dans le boyau il y a un espèce d’observatoire. Je passe une heure à regarder à la jumelle, mais je ne vois rien sinon une plaine dévastée remplie de boyaux et de tranchées auxquels on n’y comprend rien et jonchée d’un grand nombre de cadavres.

Gallica-Tranchée3

Le soir tombe sans qu’on n’ait aucun ordre à communiquer. On casse la croute de nouveau.

Je ne tarde pas à m’allonger dans mon trou ; il tombe quelques gouttes d’eau. Je place ma toile de tente afin de boucher hermétiquement l’entrée et ne tarde pas à dormir. Je profite de ce calme pour me rattraper dans mon sommeil.

 


Courrier envoyé par Émile Lobbedey à ses parents le 04 mars 1915 04Mars1915a 04Mars1915b

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