11 décembre

De bonne heure, Gauthier et Jombart arrivent trempés. Dehors il pleut à seaux sans que nous ne nous en étions aperçus. On ferme la porte de fougères aussi hermétiquement que possible afin d’empêcher l’eau de passer, sinon ce serait une inondation. On souffle sur les cendres chaudes et on rallume le feu afin de réchauffer et sécher nos voyageurs qui font grise mine.

Vers 8 heures cependant, la pluie cesse un peu pour faire place vers midi à un petit soleil d’hiver qui a tout l’air de se moquer de nous. Enfin, le principal est qu’il ne pleut plus et qu’on peut sortir sans risquer d’être trempé jusqu’aux os ! Nous sommes fiers de notre abri, notre œuvre qui a résisté à la pluie.

Dans l’après-midi, le vaguemestre*, pour la première fois, arrive. Nous recevons depuis quelques jours lettres et colis par les cuisiniers. Le vaguemestre est armé de lettres et paquets qu’il nous distribue pour nos compagnies. Le capitaine Sénéchal lui-même reçoit plusieurs colis. Il sort bientôt de son gourbi* et nous distribue à chacun un quelque chose, effets ou friandises envoyés à lui pour ses troupes par des amis et des relations. J’hérite d’un tricot violet que je mets immédiatement et je fais de Pignol un heureux en lui léguant mon gilet de chasse.

Dans la soirée, assis au coin du feu, qui n’a plus le sou fait une vente aux enchères à notre grande joie et nous offre plusieurs couteaux, glaces, blagues à tabac, chaînes qui lui sont restés pour compte à son retour de Sainte-Menehould il y a quelques jours. Le brave garçon nous vole, mais on achète quand même, en souvenir des services rendus et qu’il peut encore nous rendre.

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