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[1] Sentinelles : Soldat qui fait le guet pour la garde d’un camp, d’une place, d’un palais, etc.

19 septembre

Relève* des tranchées*

La nuit fut calme. Il ne pleut plus. On réussit de nouveau à faire du café. Sur ces entrefaites, on amène un pauvre blessé qui grelotte de froid. On lui donne un quart* de café et je tire mon cache-nez pris à Thiéblemont, en déchire un bout et lui entoure le cou.

Le blessé amené hier est mort.

Je vais communiquer au capitaine Aubrun qui est furieux de ce que la relève n’est pas encore faite.

En passant, j’ai un nouveau quart de café du petit poste qui a, lui aussi, fait du feu.

Enfin vers 10 heures, le soleil donne, arrivent des officiers du 72e pour nous relever. Gallica-Argonne-InfantIl y a des tergiversations. Les premiers que j’amène vers le 5e disent que ce ne sont pas eux qui doivent relever cette compagnie. On revient près du capitaine Sénéchal près de qui nous trouvons un commandant du 72e. Tout de même, deux officiers du 72e me suivent pour reconnaître les portions (?) [1].

Je suis fourbu d’aller et venir. Le capitaine Aubrun, furieux, reçoit, bien mal les successeurs. Cependant les troupes du 72e arrivent et la relève s’opère.

Je vois le pauvre Leromain étendu sur un brancard. La compagnie va l’amener avec elle puisque les brancardiers n’en ont pas voulu.

Je pars retrouver la liaison. Celle-ci est déjà partie. Je suis des mulets de mitrailleuses et arrive à rejoindre le capitaine Sénéchal.

Il peut être 2 heures de l’après-midi quand nous traversons La Harazée. Je ne sais comment nous y sommes arrivés, ni à travers quel dédale de bois.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Nous sommes couverts de boue.

Gallica-Infant-boue
On fait la pause à la sortie du village sur la route qui mène à Vienne-le-Château, près du pont. On fait immédiatement du feu et du café !

Bientôt, le bataillon arrive par fractions. Je vais chercher dans les champs des pommes de terre qu’on fera cuire sous la cendre.

La 5e compagnie arrive. Tout le monde fait la pause. Je vois passer sur une civière le corps du sous-lieutenant Pécheur [2]. Lannoy, sergent major de la 5e, vient demander du café ! Gallois, fourrier* de la 7e, rechigne. Ils se disputent. Je fais la paix et donne un quart de café à mon malheureux camarade.

Les troupes sont exténuées. Songez à un jeûne de quatre jours, à part quelques biscuits et une boîte de conserve. Pas de boisson, l’eau de pluie recueillie comment.

De l’eau durant des heures entières, sans la moindre façon de s’abriter. Une attaque repoussée, etc… Tout cela ajouté à des marches et des contremarches depuis le 15 août, avec la démoralisation d’une retraite* dont on se rappelle toutes les péripéties tragiques.

Enfin nous allons au repos [3], dit-on. C’est la première fois que nous entendons causer depuis les hostilités.

Nous filons bientôt après que les hommes ont pu faire du café. Nous passons à Vienne-le-Château où nous remontrons pas mal d’artillerie. Le soleil luit depuis ce matin. Il nous réchauffe et nous voyons un village où nous tombent des obus dont on entend très bien l’éclatement. C’est Saint-Thomas.

Suite du 19 septembre

Nous sommes bientôt dans une ferme appelée la Renarde. Les alentours sont boueux, on y est arrivé à travers champs par un chemin de terre. Plusieurs caissons d’artillerie sont arrêtés aux alentours. On s’arrête un instant, puis on procède au cantonnement.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Le bataillon doit y loger en entier. Il peut être 7 heures quand les troupes commencent à s’y tasser. La liaison est logée sur un grenier avec celle de la 5e compagnie et le sergent Major Lannoy. Il y a un peu de paille.

Avec Gauthier et Crespel, je fais ma cuisine. Les autres sont trop fatigués et préfèrent dormir aussitôt.

Nous faisons popote* en plein air avec des moyens de fortune et je réussis à manger quelque chose de chaud.

Placardelle-Renarde-01b

La Renarde, juillet 1915 – France. Section photographique des Armées (1915-1920) – BDIC

On dit que deux soldats de la 5e, Delattre et Lesaint, doivent passer devant un conseil de guerre [4] du régiment, présidé par le commandant Jeannelle et formé du sous-lieutenant Simon, du lieutenant Péquin rapporteur, etc. Le sergent Gibert s’est chargé de la défense. Delattre et Lesaint sont accusés d’abandon de poste alors qu’ils étaient sentinelles [5] doubles à la lisière du bois. Ils avaient quitté leur poste pour s’abriter dans la tranchée ; et c’est un peu grâce à eux que l’ennemi à l’attaque du 18 a pu s’infiltrer sur le flanc des 5e et 8e compagnies.

La nuit est délicieuse. C’est compréhensible après quatre nuits passées dans l’eau.

 


[1] Texte peu compréhensible.

[2] Pécheur Il s’agit sans doute de Jules Pêcheur, voir ci-dessous la fiche Mémoire des Hommes qui, en dehors de la date de décès (17 sept. au lieu de 19), semble correspondre.Fiche MDH-archives_I670303R
[3] Repos
: Situation des troupes combattantes qui ne sont pas affectées aux lignes. Le terme est souvent trompeur car le repos est généralement émaillé d’exercices, de manœuvres et de cérémonies (défilés, prises d’armes, etc.) qui ne permettent pas réellement aux combattants de se reposer. Pour désigner le repos véritable accordé aux unités durement engagées est créée durant la guerre l’expression « Grand repos ».

[4] Conseil de guerre : Tribunal militaire prévu par le Code de Justice Militaire de 1857, destiné à juger les crimes et délits commis par des militaires. Il est formé de cinq juges, tous officiers, et ses séances, publiques, durent généralement moins d’une journée. Il existe des Conseils de Guerre d’Armée, de Corps d’Armée, de Division et de Place. Au début de la guerre sont mis en place des Conseils de guerre spéciaux improprement nommés « cours martiales ».

[5] Sentinelles : Soldat qui fait le guet pour la garde d’un camp, d’une place, d’un palais, etc.

5 septembre

Nous quittons dans la nuit. Il peut être 3 heures du matin.

Pour la première fois, des chariots sont prêts, conduits par des gens du pays réquisitionnés afin de transporter les havresacs [1]. Nous sommes des plus heureux de la décision prise.

La marche est rapide aussi. Chacun commence à être blasé. Fini les marches en colonnes par quatre, bien alignées. C’est un véritable troupeau de gens qui boitent, en regardant le sol et fixant d’un œil désespéré l’horizon. La vue d’un village donne parfois un faible espoir, une grand’halte, peut-être le cantonnement*. Mais on a déjà éprouvé tant de désillusions… Chacun est blasé.

Nous traversons rapidement un village. Il est aussi mort que les autres. À part quelques habitants, tout le monde est parti, fuyant devant l’ennemi. C’est ? .

Nous sommes sur la route de Vitry-le-François. Quelques kilomètres plus loin, nous traversons Givry-en-Argonne.

Bientôt nous rencontrons un grand convoi de chevaux, blessés ou malades, conduits par quelques chasseurs à cheval.chevauxBlessesNous faisons la pause. Un chasseur nous dit que les chevaux sont conduits en Bretagne pour être retapés et qu’ils proviennent des combats de Belgique. Ils ont été débarqués à Sainte-Menehould. Nous poursuivons notre route, avec le vif désir de croquer quelques fruits que nous voyons, mais toujours défense d’y toucher.

La route devient longue. Pas étonnant qu’on nous ait dispensés de nos havresacs. Nous filons donc vers Vitry-le-François.

Il est 8 heures, le soleil est brûlant. On fait la pause dans un petit pays qu’on appelle Saint-Mard. Je rentre dans une demeure où je prends ce qui reste de mieux : un bout de fromage et quelques pommes que les habitants, deux bons vieux, me donnent pour 0,50.

Nous continuons notre marche rapide. Au milieu du village, l’adjudant Simon, promu sous-lieutenant, rencontre le lieutenant Werner à cheval. Celui-ci le félicite de la main.

Soudain nous obliquons à gauche. On quitte donc la route de Vitry-le-François. Je vois Bar-le-Duc sur les bornes kilométriques.

C’est à croire que nous sommes fous de filer ainsi, car jamais nous n’avons été agrippés aux boches.

Vers 11 heures, nous arrivons à Nettancourt où nous faisons une petite pause. Nous obliquons un peu plus loin à gauche. Vers midi, nouvelle pause, nouveau village, Vroil. On continue encore, il fait chaud, il faut bien pourtant que nous fassions grand’halte. On dit que c’est au prochain village.

Il est 13 heures quand nous arrivons dans un petit village que les bornes avaient peu à peu rapproché de nous. C’est Bettancourt-la-Longue.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

On va y faire sans doute le cantonnement* car nous avons bien fait 25 km déjà. A droite du centre du bourg, se trouve une petite hauteur. On s’y installe. Ceux qui ont quelque chose à faire cuire peuvent faire du feu.

Beaucoup de fruits ; malgré la défense, on chipe quelques pommes. Le soleil est brûlant et, à l’ombre, on s’assoupit. Nous sommes fatigués car on a bien fait une vingtaine de kilomètres.

16795255Il peut être 3 heures de l’après-midi quand un grand rassemblement se forme. On amène un uhlan* qui vient d’être pris blessé. Nous l’apercevons à peine, il est emmené. Une demi-heure après, nous quittons à la hâte nos emplacements. Nous suivons une route, puis nous enfonçons dans les champs jusqu’à un verger qui se trouve sur une petite colline. Nous dépassons celle-ci et nous arrêtons sur le flanc opposé, divisés par petits paquets, aux aguets, avec sentinelle* double à la crête.

On se demande ce qu’on fait. Certains disent que la cavalerie ennemie est derrière nous, d’où le uhlan prisonnier.

Insouciants, beaucoup simulent un besoin pressant et reviennent les poches remplies de prunes.

Le temps est splendide. Il fait chaud. Nous nous replions peu après et arrivons près d’un village.

Ce village doit être Raucourt [-sur-Ornain]. On se cache dans les fossés longeant la route : nous sommes toujours avec le commandant Saget. Les compagnies occupent les lisières du village : la mienne, la 5e, se trouve dans plusieurs jardins, cachée derrière des haies.

Nous voyons soudain des pelotons de chasseurs à cheval aller et venir le long de la route.

Dragons

Reconnaissance de Cavalerie Cuirassier, arbres hachés par l’artillerie – (France ou Belgique) 1914

Il peut être 5 heures et demie quand une auto arrive au centre du village où nous nous tenons avec le commandant. Le général Lejaille*, commandant la brigade, en descend. Le colonel Rémond le reçoit ; ils parlent. Peu après, l’auto repart avec le général assis près du chauffeur et j’entends le brigadier dire en riant au colonel, « Vous voyez, je suis passé agent de liaison* ».

Le crépuscule commence. Nous partons en hâte. Cela devient inquiétant et très fatigant. Pourtant, tout a été calme et aucun coup de feu n’a été entendu.

Nous avons espoir que le cantonnement est tout près. Nous passons un pont sur une petite rivière, l’Ornain. On marche, au début, avec énergie.

Mais il est 8 heures et toujours rien. A peine une pause de quelques minutes et on repart. La nuit est noire, on ne voit aucune borne kilométrique, c’est désespérant.

Enfin vers 9 heures, des lumières. Le commandant que nous suivons est de beaucoup en avance sur la colonne du bataillon. Nous arrivons dans une agglomération extraordinaire. Nous rencontrons des troupes de toutes espèces. Ceci joint à une grande obscurité nous abrutit et nous enlève une partie de notre bon sens. Nous n’avons qu’une idée, ne pas nous perdre, et nous ne pensons plus au bataillon qui nous suit à plus d’un kilomètre.

Nous passons une voie ferrée et, à la faible lueur des lumières, nous voyons quelques cheminées d’usines.

Puis nous passons un assez grand pont au-dessus d’une rivière dont les eaux roulent avec fracas, « le Saulx », nous dit le commandant. La ville est Sermaize-les-Bains.

Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

Nous entrons par les rues obstruées d’hommes, de chevaux et de véhicules. Soudain, je vois un café ouvert. Je ne puis résister à la spontanéité de mon geste. Avant d’y songer, je suis au comptoir. C’est un débit de tabac où on donne à boire. Je commande à la hâte une grenadine. J’étais suant, soufflant, rendu ; j’avale à la hâte la boisson et ne songe même pas à acheter des cigarettes.

Je cours dans la direction suivie par la liaison. C’est une rue montante. Heureusement je tombe dans la compagnie de tête du bataillon, la 5e compagnie, la mienne, je ne suis pas perdu.

On continue à marcher ; tout le monde est à bout. Enfin la pause !

Je suis près du capitaine qui tombe presque de cheval.

Il sonne à la porte d’une riche maison, dans le genre d’un château, et j’entends le colloque.

Le capitaine, affamé, demande à la jeune dame qui ouvre, sans doute la jeune fille de la maison, quelque chose par charité. La dame lui apporte deux œufs crus et un crouton de pain, n’ayant que cela. Elle lui demande en retour ce qu’elle doit faire avec sa vieille mère.

Le capitaine lui répond de filer le soir même. C’est son merci.

Nous repartons bientôt. Il est 10 heures du soir au moins. Réellement, c’est à perdre la tête que marcher ainsi continuellement. Après 1 km de marche, nous nous arrêtons. Je retrouve la liaison et le commandant. Celui-ci nous dit qu’on bivouaque ici.

J’avise un fossé et m’y installe sans m’occuper du reste. Je suis à bout.

Une demi-heure après, je suis réveillé par Jacques, le maréchal des logis de liaison. On va plus loin.

Comme des automates on repart. Je m’accroche à l’étrier du cheval du maréchal des logis. Le commandant nous entraîne, nous disant de marcher vite afin de devancer la colonne et de pouvoir faire parfois la pause.

À chacun des kilomètres parcourus, nous nous arrêtons trois minutes. C’est pour se coucher aussitôt sur le bord de la route.

Celle-ci nous semble longue. Combien de parcours avons-nous fait aujourd’hui ? Je l’ignore.

Mais nous sommes partis vers 3 heures ce matin ; il est minuit ; nous sommes encore en route.

Il est près d’1 heure du matin quand nous arrivons dans un petit pays. On s’installe où on peut, ouvrant les granges, les écuries, les maisons, malgré les protestations des habitants qui dormaient paisiblement.

La liaison couche dans une petite grange pleine de paille. On ne s’occupe de rien, on s’étend équipés, on dort aussitôt.

Pour cette fois, chacun a fait son cantonnement* soi-même.


[1] Havresac : Sac se portant sur le dos, contenant l’équipement du fantassin en campagne ou en manœuvre.

havresac1. Havresac contenant les effets personnels du soldat (linge, produits d’hygiène, etc.).
2. Paire de brodequins de rechange, dotés d’une épaisse semelle cloutée.
3. Tente de toile que les soldats prennent souvent l’habitude d’utiliser comme un vêtement imperméable qu’ils disposent par-dessus leur capote.
4. Piquets et sardines.
5. Hache à main.
6. Couverture de campement.
7. Gamelle individuelle.
8. Seau en toile.

Source : http://crdp.ac-amiens.fr/pensa/1_2_case3.php


Pour en savoir plus sur l’équipement du fantassin : http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme-equipement.htm

 

26 août – Chapitre III Retraite

Passage de la Meuse

Nous sommes à peine assoupis qu’il faut repartir. Quelle heure ? Je l’ignore. On ne voit rien et ma montre est arrêtée.

En route de nouveau ! Nous dormons en marchant. Décidément, c’est dur ! Les troupes en avant, en arrière ! Des fractions d’infanterie* et d’artillerie* marchent à vive allure, parallèlement à nous, sur la route !

Il fait petit jour quand nous traversons la Meuse sur un pont de bateaux. On aperçoit Stenay à 4 km à gauche environ. Nous avons fait certainement 10 km.

Nous prenons à travers champs et nous enfonçons bientôt dans un bois. On fait une pause d’une demi-heure. Il faudra bientôt repartir. Chacun appréhende le départ. Beaucoup abandonnent leur sac.

CP-Vergaville_Schlacht_bei_DieuzeEncore deux heures de marche, dit le colonel en passant pour nous encourager. Le bois que nous traversons est la forêt de Dieulet.

Voici un village : Beaufort. C’est l’étape. Nous nous installons dans un grand pré où nous trouvons les voitures de ravitaillement. C’est un cri de joie. (Voir l’épisode du Commandant Saget, après le 28 août [reporté ci-dessous])

Les distributions se font. Nous touchons des œufs et de l’eau de vie pour la première fois. Il fait un soleil magnifique. Les cuisiniers d’escouade* font rapidement la popote.  Gallica-Cuisine12 Aussitôt mangé, on mourait de faim, nous nous couchons sur l’herbe après nous être déchaussés. Qu’il fait bon dormir !

Durant le repas, vient me dire bonjour un marvillois, le mari de la directrice d’école chez qui je fus si bien reçu. Sa femme est partie à Paris. Quant à lui, il suit les armées avec son auto au service de la gendarmerie. Marville est envahi ? Tant pis, car il a conservé sa franche gaieté.

J’ai conservé mon sac. J’abandonne mes chaussures usagées pour mettre mes chaussures de mobilisation. Celles-ci me font mal ; mes pieds s’échauffent ; je prends donc le parti de garder les vieilles.

À 6 heures, nous repartons nous installer dans un bois, le bois de Beaufort. On y passera la nuit avec des avant-postes pour nous couvrir. Le ravitaillement revient à 7 heures. Les distributions se font, on fera cuire la viande demain. Heureux sommes-nous !

Chacun se met à l’œuvre par section pour se faire un abri de feuillage. Peu après, il pleut. Pas moyen de s’abriter. Les feux qu’on avait allumés s’éteignent. On se couche en s’abritant de son mieux.

À minuit, on entend des coups de feu. Alerte. Tout le monde est debout, baïonnette au canon. Quelle pagaille ! Il fait nuit noire, un vent de bourrasque. Pas moyen de craquer une allumette. Il pleut toujours.

LampeTempete

Lampe d’escouade, appelée aussi parfois lampe tempête.

Après vingt minutes angoissantes, le sergent major Monchy annonce que deux sentinelles [1] ont tiré l’une sur l’autre. Peu après, on amène le soldat Chopin [2] de la classe 1913 qui a reçu une balle dans la bouche. Le camarade qui a tiré est fou de désespoir ainsi que le frère du blessé, Marcel Chopin de la classe 1911, un de mes amis. On a réussi à allumer une lanterne d’escouade. Tout rentre dans le calme, mais le blessé ne tarde pas à expirer.

Il ne cesse pas de pleuvoir.

Le commandant Saget

Le commandant Saget – SOURCE : http://147ri.canalblog.com/

Épisode du commandant Saget

Au départ, dans la nuit du 25 au 26, le chef de bataillon qui, sans le savoir, s’était mis un peu en dehors avec son maréchal des logis de liaison ne fut pas réveillé et s’éveille vers 5 heures du matin.

Ne voyant personne, il devine et pique des deux [3] à cheval dans la direction de la Meuse, suivi du maréchal des logis Jacques. Tous les ponts étaient sautés à 6 heures du matin. Tous deux passèrent la rivière à la nage sur leurs chevaux et nous rejoignirent à midi.


[1] Sentinelles : Soldat qui fait le guet pour la garde d’un camp, d’une place, d’un palais, etc.

[2] Soldat Chopin : Il s’agit sans doute de CHOPIN Alfred, voir ci-dessous la fiche Mémoire des Hommes qui, en dehors de la date de décès (27 août au lieu de 26), semble correspondre.FicheMDHarchives_D241336R

[3] Piquer des deux  :  Éperonner un cheval pour qu’il accélère son allure.