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17 janvier

Relève* des tranchées.

Au petit jour vers 6 heures je me rends comme la veille près le capitaine Claire pour le compte rendu du matin. Il me manque celui de la 8e. Paradis, le caporal fourrier, ne tarde pas à me l’apporter. Il se plaint que par là on a de la boue jusqu’aux cuisses.

Mascart dans notre abri fait un grand feu pour sécher nos couvertures qui durant la nuit ont reçu de l’eau et qui sont trempées.

Gauthier ne tarde pas à s’amener. Il est toujours le bienvenu. Jombart nous annonce que nous serons relevés ce soir ; il le tient de l’adjudant du ravitaillement Cousinard. Celui-ci a reçu ordre de ne pas amener le ravitaillement ce soir à la Harazée.

Je vais immédiatement donner « le tuyau » au capitaine Claire. Ce doit être vrai, car nous en sommes au septième jour de tranchées. Le capitaine Claire appelle Legueil qui passera probablement sergent fourrier* à la 6e compagnie. Un agent de liaison* lui est adjoint, Verleene.

La liaison se transforme petit à petit. Nous avons Gallois, adjudant de bataillon, Jombart, Sauvage et moi sergents fourriers, Legueil et Paradis caporaux fourriers, Mascart, Verleene, Frappé et Garnier, agents de liaison, les deux cyclistes Caillez et Crespel, René le mitrailleur et Gauthier notre sympathique cuisinier. Legueil ne tardera pas à avoir les baguettes de sergent fourrier et Verleene sans doute celles de caporal.

Les cuisiniers des 5e, 6e et 7e compagnies passent. Je salue l’adjudant Culine qui revient. Il ne peut rester inactif à la Harazée et préfère les tranchées. Je l’admire.

Gallois ne tarde pas à rentrer. Il préfère son poste à celui de chef de section.

Vers midi une note assez longue à copier nous arrive. Le lieutenant-colonel Desplats salue le régiment à la tête duquel il est placé définitivement. La relève aura lieu ce soir. Les commandants de compagnie resteront jusqu’au lendemain matin. Quant aux compagnies elles iront à Florent. Le grand repos a sonné pour nous ; nous irons nous reposer à l’arrière.

Heureux je vais moi-même communiquer la note au capitaine Aubrun tout heureux de n’avoir plus la responsabilité de son coin que durant quelques heures.

Le capitaine Claire vers 5 heures envoie la liaison en second avec Jombart à Florent pour faire le cantonnement. Quant aux fourriers Sauvage, Legueil, Paradis et moi, nous restons jusqu’au lendemain avec les cyclistes et l’agent de liaison de mitrailleuses.

Ainsi dit ainsi fait. Nous nous mettons tous après le départ ensemble dans le plus bel abri, laissons les autres à la disposition de ceux qui viendront nous relever.

À la nuit tombante des officiers arrivent. Ils sont d’un autre corps que le nôtre. Longtemps ils confèrent avec le capitaine Claire puis nous les conduisons au PC de chacun de nos commandants de compagnie. C’est avec un cri de joie que le capitaine Aubrun accueille son successeur. Je descends au PC du bataillon amenant avec moi l’agent de liaison par section. Ce n’est pas facile dans la nuit. Plus d’une fois je fais des chutes et m’aplatis dans l’eau. Mais qu’importe, on est relevé et on va à l’arrière. Quelle chance !

Quand j’arrive, je trouve les agents de liaison du bataillon qui nous relève. Ceux-ci s’installent et m’annoncent que le bataillon n’est pas loin. Il peut être 8 heures du soir.

Une heure après, les éléments de tête arrivent. Je suis appelé par le capitaine Claire qui me donne quelques explications. Je prends avec moi mes agents de liaison des quatre sections qui sont confiées aux quatre chefs de section de la compagnie de relève. Je prends la tête de la colonne et en route !

Vers 10h30 la 5e compagnie passait se dirigeant sur Florent. Quant à moi, ma besogne terminée, je me frottais les mains près du foyer de notre gourbi*, heureux d’avoir fini le premier. Terminé le cauchemar du bois de la Gruerie ! Un repos d’un mois, c’est le rêve ! Jamais je n’aurais espéré cela ! En un mot, que je suis heureux ! Je suis de nouveau rappelé par le capitaine Claire pour conduire une demie compagnie à l’emplacement occupé par le sergent Tercy lors du premier séjour (voir topo tome VI [ci-dessous]) tandis que Sauvage conduit une autre fraction à l’emplacement de la 7e.

TomeVI-planFneMadameAvec bien du mal j’arrive à mon but après m’être cassé le nez sur des éléments du bataillon relevé. Les boyaux de ce côté sont de vrais ruisseaux. Je m’enfonce jusqu’aux genoux. Paradis avait raison de se plaindre.

14 janvier

Je me lève vers 3h30. Il fait encore nuit noire. Je pars seul dédaignant de prendre mon second avec moi bien que cela nous soit permis pour les rondes. Je vois successivement le sous-lieutenant Gout, le capitaine Aubrun et le sous-lieutenant Carrière qui loge avec lui. Quant à la 8e je la juge trop éloignée. Cela m’a pris 3 quarts d’heure. Dans la tranchée, les sentinelles veillaient. Je puis donc mettre en conscience « route faite de 3 heures à 5 heures. Rien à signaler ».

Je m’étends donc près du brave Mascart qui dort comme un bienheureux. Il fait petit jour quand je me réveille.

Nous avons la visite du commandant Desplats, mais il nous trouve sarclant, piochant et son visage exprime la satisfaction. Inutile de dire que la sentinelle* était à son poste et l’avait vu arriver. Il appelle cependant l’adjudant Gallois et lui dit de nous faire poser des fils de fer au carrefour afin de consolider les défenses accessoires qui s’y trouvent déjà. Nous allons donc au PC du secteur qui se trouve à deux pas et ramenons des rouleaux de fil de fer barbelé.

Une autre visite plus agréable est celle de Gauthier autour duquel nous nous rassemblons aussitôt.

Puis nous nous mettons à l’œuvre et déployons le fil de fer. Plusieurs fois il faut risquer de s’enliser pour atteindre tel piquet afin d’y attacher le fil dont les pointes nous piquent les mains. Quant aux quatre martyrs des compagnies détachées au colonel, mon Pignol en tête, ils creusent la tranchée destinée à barrer la route avec un acharnement qui tient du désespoir.

Le commandant repasse, heureux de nous voir nous démener. Quelques minutes après nous rentrons dans nos Kania*, un rouleau de fil de fer à portée de la main prêts à bondir au moindre signal de notre observateur qui est à son poste pour deux heures et sera relevé par l’un d’entre nous.

gayraud-30Le temps est brumeux mais non pluvieux. C’est un avantage. Le capitaine Claire avec son téléphone ne sort pas de son trou.

Vers 10 heures, une mauvaise nouvelle nous parvient : Menneval est blessé à la tête. Peu grièvement, il est vrai, et heureusement. Il file vers le poste de secours qui se trouve sur le layon conduisant à la Harazée. Il fut blessé dans le boyau conduisant aux 5e et 7e et 6e.
À nous de prendre nos précautions quand nous communiquerons.

Jombart me remet au moment du repas une carte de l’ancien sergent Major de la 8e Godin en traitement à Clermont-Ferrand. Il déplore la mort de Jean Carpentier nous avons également aujourd’hui des Bulletins des armées de la République et quelques Echo de l’Argonne notre journal du coin qui est bien intéressant.

N0110075_JPEG_19_19DML'Echo de l'Argonne : le mieux informé de toute la région / gérant D.

L’après-midi je vais voir le capitaine Aubrun et lui porter tous ses papiers qui distraient et font oublier un peu les moments pénibles à passer.

Dans l’après-midi nous avons alerte et les défenses du ravin gagnent quelques fils de plus. Le commandant Desplats arrive escorté de quelques hommes qui portent un cadre rempli de fil de fer barbelé, cadre fait de plusieurs gros rondins. Il s’agit de poser cela sur le layon devant la tranchée qui le barre de façon à en faire une espèce de porte. Les poilus* se mettent à l’œuvre, tandis que le commandant rentre à son gourbi*, ce que nous faisons également en riant d’un air entendu. Nous avons trouvé le bon truc, c’est ce qu’on appelle le système D.

La journée se passe calme. Le soir tombe et entraîne avec lui le départ de nos cuisiniers et de ceux des compagnies. Je vois Jamesse mon caporal fourrier suivi de la longue file de ses cuistots. Quant à nous, nous baissons la toile de tente de l’entrée du gourbi : nous voici chez. Un bon feu flambe au fond de l’abri et on s’accroupit autour en attendant de chauffer la popote*.

La soirée se passe. Nous mangeons et nous couchons. Mascart a mis du bois sur le feu ; celui-ci durera une bonne partie de la nuit.

Mais soudain le cataclysme imprévu cette fois et toujours redouté éclate. Je me réveille : tout le toit est en flammes. Quelle scène ! Aussitôt je saisis mes couvertures sors et monte à flanc de coteau afin de jeter celle-ci sur le foyer d’incendie pour l’étouffer. Mascart et René courent au ruisseau qui se trouve à 20 m, appelant à l’aide toute la liaison, et amènent dans les marmites l’eau qu’ils déversent sur les branches qui flambent. Enfin après vingt voyages, aidés de Paradis et de Sauvage, nous arrivons à éteindre le tout. Quelle émotion !

D’abord la peur d’être repéré par la lueur, puis celle d’attraper une sérieuse algarade [1]. Émotion aussi non moins forte quand nous constatons les dégâts faits à notre demeure. Je suis littéralement désolé. Une bonne partie du toit est consumée ; quant à l’intérieur il est rempli d’eau. Jusque minuit nous travaillons à réinstaller l’intérieur et à le remettre en état. Quant au toit, nous laissons à demain le soin de le reconstituer. Nous nous couchons donc mélancoliques et moi surtout car mes couvertures sont en partie brûlées. Enfin, « quand le vin est tiré, il faut le boire » et « à la guerre comme à la guerre »


[1] algarade : Altercation vive et inattendue avec quelqu’un. (Larousse.fr)

12 janvier

Après une nuit excellente, je me trouve retapé, presque sec. Je tousse affreusement, c’est entendu, mais du café chaud aura raison d’un simple accident.

Gauthier et Jombart arrivent vers 9 heures suivis des cuisiniers des 5, 6 et 7e. Ceux de la 8e sont obligés de venir de nuit. Nous buvons aussitôt l’eau-de-vie pour nous donner des forces. On attise un peu le feu et bientôt un bon quart* de café suit la direction de l’eau-de-vie.

2mxr3h0Jombart m’apporte des lettres de chez moi, une lettre de ma mère, une lettre de ma famille, une autre du sergent Noël qui est soigné dans l’intérieur. Tout cela me distrait et me fait oublier un peu la dure vie que nous menons. Un colis m’est remis : il me vient du vicaire de la ville, Monsieur Danès [1], grand ami ; cigares et cigarettes me font un sensible plaisir. Je ferme immédiatement dédaignant du coup le vulgaire tabac du poilu* à 15 centimes le paquet.

Après le repas du matin, la fumée bleue de mon cigare me fait entrevoir les tours et le beffroi du pays.

Le temps s’est remis au beau. Le soleil brille de nouveau, soleil d’hiver bien pâle il est vrai qui ne chauffe guère, mais le foyer dont Pignol surveille l’intensité en vrai chauffeur y supplée amplement. Je suis à présent complètement sec, mais ma capote et mon pantalon sont littéralement couverts de boue. Qu’importe ! C’est le métier qui veut ça mais où est le temps où on avait un faux-col impeccable ! Quant au secteur, sans être bon, [il] est pourtant assez calme, du moins ici. Les boches cependant peuvent toujours nous réserver des surprises. Du moins, il ne cesse de nous envoyer des rafales d’obus !

Dans l’après-midi je vais à la campagne. À un endroit, l’adjudant Culine m’empêche de passer, car un coin de tranchées est évacué, les bombes pleuvent dru. Il me faut quand même passer et rapidement je traverse la zone dangereuse. Je trouve le capitaine au fond de son trou, et [il] se chauffe avec du charbon de bois. Je cause avec lui. Il sait qu’il doit être ici 7 jours. Le coin est mauvais. Aussi me dit-il « encore 5 jours ! » Mystérieusement il m’annonce que c’est bien décidé. Nous allons avoir un grand repos. Nous irons du côté de Sainte-Menehould pour un mois. Tout ceci m’enchante et je rentre traversant indemne de nouveau la zone des bombes que Culine lui-même revolver au poing surveille en cas où l’ennemi qui se trouve à 25 m tenterait un coup de main. J’annonce la bonne nouvelle de ce fameux repos à Gallois qui reste sceptique, tandis que mes 2 agents de liaison* du coup entonnent un vieux refrain populaire.

Le soir tombe. Au fond journée calme. Je vais causer un peu avec Sauvage et Menneval. Un peu plus loin c’est le gourbi* de Paradis et de Garnier : ceux-ci se plaignent de la difficulté à communiquer même la nuit avec la 8e compagnie.

Gallois m’appelle. Le système de rondes va recommencer. Quel ennui ! Enfin on verra bien. Du moins j’ai le plaisir de constater que je garde le statu quo cette nuit. Gallois par contre doit en faire une. Il me demande Pignol pour l’accompagner : j’accepte.

Il part donc, trichant d’une heure. Il est 8 heures du soir. Je lui conseille de voir les 5e et 7e et de laisser 6 et 8 à part.

Je fume attendant le retour de Pignol qui reparais en rigolant quoique le visage rempli de boue. On a du mal à distinguer les yeux, la bouche et le nez. Un fou rire me prend. Le malheureux garçon s’est aplati. Mais il a bon caractère et rit lui-même. Il se rend pour se débarbouiller à 25 m au ruisseau qui traverse le chemin. Je m’étends et m’endors en riant encore.


[1] Danès : abbé Danès, vicaire à Bergues comme en témoigne sa carte postale envoyée à Émile Lobbedey en avril 1915.

abbéDanès04-1915

9 janvier – Chapitre X

Chapitre X – Bois de la Gruerie : secteur Fontaine Madame
Séjour à la Harazée – voir topo tome I

Fauteuil voltaire

Enfin au petit jour la place est déblayée. Gauthier et moi, faisons l’inventaire de notre héritage : une pièce de 10 m de long sur 5 de large ; une commode ; une table ; 4 chaises, un voltaire*, un foyer où on pourra faire popote.

La liaison ne tarde pas à rappliquer chez nous et chacun s’installe comme il peut. Nous sommes littéralement les uns sur les autres. Gallois arrive à son tour et j’ai une nouvelle discussion avec lui, car je l’accuse de n’avoir pas fait son service.

Nous sommes là-dedans à 12 : Gallois, adjudant, Menneval, Sauvage, Jombart et moi, sergents fourriers, Paradis, Verleene, caporaux fourriers René, agent mitrailleur, Gauthier, clairon cuisinier, Pignol, Garnier et un homme de la 7e agents de liaison en second.

Enfin plus on est de fous, plus on rit, dit-on. C’est peut-être vrai car à notre misère de logement, on supplée par une grande gaieté.

Je garde cependant le fauteuil comme propriété personnelle, c’est ce qu’il y a de plus confortable.

Nous faisons popote*, jouons aux cartes l’après-midi, écrivons aux nôtres, recevons la visite du vaguemestre* et passons la journée assez péniblement.

Vers 5 heures nous assistons à un spectacle assez grandiose. Les voitures de ravitaillement arrivent sur la route de Vienne le château – la Harazée quand des sifflements d’obus se font entendre. Les obus éclatent en gerbes noires, ce sont des obus percutants*, à 25 m à droite et à gauche de la route avec un bruit terrifiant.

Les voitures au galop des chevaux passent, tandis que les obus tombent toujours. Sans doute l’ennemi grâce à un ballon observatoire ou un taube [1] sait-il quelque chose, de l’heure d’arrivée de nos voitures. En tout cas, celles-ci arrivent dans le village au triple galop.

02555 - Ballon d'observation allemand - Guerre mondiale 14-On se réfugie dans les caves croyant à un bombardement du village. Il n’en est rien.

Une heure après les distributions commencent et les hommes du ravitaillement me disent avoir passé une belle minute d’indicible émotion. Les obus boches ont d’ailleurs été lancés en pure perte, car tout est intact, hommes, chevaux et matériel.

Le soir tombe. Nous aidons Gauthier à faire la cuisine. Nous mangeons et comme on ne part pas aux bois, nous nous installons pour la nuit. Je décide d’occuper le fauteuil. C’est encore la meilleure place. Nous sommes littéralement les uns sur les autres. N’empêche qu’on dormira bien et dans le fauteuil les pieds sur une chaise, je ne serai pas le dernier.


[1] Taube : Avion autrichien monoplan à ailes et queue de pigeon employé dès 1912 à des fins militaires.

6 janvier

Retour à Florent

 Extrait de la carte d’état-major – Source : Géoportail

La nuit s’est passée sans aucun incident. J’ai bien dormi sur la paille, à vermine à en juger par les démangeaisons qui me courent le long de la peau, calamité dont on ne se débarrassera jamais. C’est l’opinion de mes camarades de chambrée d’ailleurs à en juger par les contorsions de ceux-ci. Nous sommes ici dans un pucier, c’est plus que sur. Que faire ? On ne peut pas coucher dehors, bien que cela nous soit déjà arrivé souvent.

Nous nous levons appelés par le capitaine Claire. Il peut être 8 heures.

Pendant que nous recevons les instructions, Gauthier rallume rapidement le feu. Nous partons vers une heure de l’après-midi de nouveau à Florent avec les cuisiniers. Le bataillon nous suivra 2 heures. Nous communiquons les ordres à nos commandants de compagnie ; cuisiniers prêts à partir à 12h30, compagnie à 13h30. Jusque-là ne pas se montrer, rester dans les caves.

Nous passons donc la matinée à examiner notre logis l’école. Je trouve un tableau noir et de la craie et m’amuse à faire des caricatures, sans songer le moins du monde aux obus boches qui arrivent toujours normalement. Je trouve également des livres qui m’intéressent.

A midi je mange des vivres envoyés par les miens, car notre pause d’hier soir nous vaut un jeune forcé ! On se rattrape en faisant du café.

Plusieurs d’entre nous passent leur temps à chercher les parasites qui les couvrent. Chacun prend son plaisir où il le trouve.

Enfin à une heure nous partons. Parmi les cuisiniers, le loustic de Lavoine arrive coiffer d’un chapeau haut de forme, trouvé dans quelque habitation. Je ne puis m’empêcher de rire pas plus que le capitaine Claire envoyant un tel accoutrement. Il faut cependant faire enlever cela ; l’individu s’exécute immédiatement en prenant un air de circonstance. Cependant il place sa coiffure dans une marmite, disant qu’il la conserve pour des temps meilleurs. Sans doute le verrons-nous un jour arriver ainsi aux tranchées ?

Rien d’impossible et ce serait charmant.

Nous filons donc rapidement, n’ayant nullement envie de recevoir un obus ; les cuisiniers d’ailleurs ne le désirent pas non plus et c’est une marche triomphale au son de marmites et de plats de toutes les dimensions, marmites moins dangereuses certes que celle que nous craignons.

Nous arrivons au Claon ou nous faisons une bonne pause. Nous sommes hors de danger. Quelques cuistots cependant jugent sans doute que « la prudence est la mère de la sûreté » car ils continuent sur Florent à vive allure.

Ces gens-là ne désirent pas s’exposer inutilement ce qui dans le langage du poilu [1] se traduit par « ils ont la frousse ». Enfin la fameuse cote que nous avons descendue si gaillardement est remontée avec plus de difficultés, encore un effort et nous sommes à Florent. Il est 2 heures. Un beau rayon de soleil nous salue.

Vivement Gallois se rend à la mairie et revient tout joyeux. Le cantonnement est le même. C’est une satisfaction générale. 10 minutes après chacun avait repris ses emplacements. Gauthier faisait du feu et nous nous logions de nouveau dans la chambrette que la veille nous avions quittée avec tant de regrets.

Vers 4 heures le bataillon était placé et la rue Dupuytien avait repris son aspect accoutumé.TopoTIV

Plans FlorentQuelques notes arrivent, des nominations : Jombart est sergent fourrier*, Paradis caporal fourrier. Cela vaut quelque chose. Tous 2 partent acheter quelques provisions qui amélioreront l’ordinaire. Nous allons au ravitaillement. Une heure après une bonne odeur nous prédisait bonne chère tandis que Jombart nous amenait champagne et biscuits.

La soirée se passe donc agréablement ; on ne chante pas cependant ; la mort de Carpentier est trop récente et le bataillon fut trop à la peine ces derniers jours.

Au milieu du repas nous recevons la visite d’une femme de Florent, vieille fille sans aucun doute, qui dit soigner la maison qui appartient à un de ses frères qui est instituteur et qui est parti et qui lui a dit qu’elle devait soigner sa demeure qui avait de la valeur, qui sûrement serait abîmée et qui et qui et qui…

Nous rigolons comme des bossus, d’autant qu’elle trouve tout horriblement sale. Nous sommes entièrement de son avis mais lui faisons justement remarquer que c’était encore plus sale à notre arrivée. Enfin ce sont des plaintes sur la guerre, un appel énergique à la paix, des lamentations sans fin. Elle monte ensuite au grenier et revient peu après furieuse de ce que la porte de la chambre est ouverte. La porte a été enfoncée et nous accuse, ne voulant admettre que ce n’est pas nous.

De ce fait une sainte fureur s’empare de moi et je la prie de sortir immédiatement et d’aller se plaindre à l’autorité si ça lui plaît. Zut et flûte ! Sinon je la mettrai moi-même dehors malgré tous ses droits de propriété. La pauvre vieille fille tâche de protester avec indignation, mais nos voix couvrent la sienne, un formidable chahut est organisé ; elle n’a que le temps de se sauver au milieu de l’hilarité générale. Une sanction on n’y songe même pas. La maison est abandonnée. Nous y logeons. La gendarmerie fait des rondes. Elle n’a jamais constaté aucun dégât. Un point c’est tout.

La scène nous a mis en gaieté et nous nous couchons le sourire aux lèvres.


[1] Poilu  :  Désignation des soldats français dès le début de la guerre de 1914-1918. L’origine du terme est plus claire qu’on ne le croit souvent, puisqu’il est attesté dès le XIXe siècle, pour désigner un soldat endurant et courageux, dans l’argot militaire. L’usage massif du terme en 1914-1918 tient en outre à plusieurs éléments liés : la difficulté effective, à l’hiver 1914, de se raser, le caractère rudimentaire de la toilette au front ; l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache, la simplicité de la désignation qui permet aux journaux et à l’arrière de mettre en scène la familiarité et la proximité avec les combattants. Le terme peut être employé dans des sens très différents, d’un combattant à un autre, certains le rejetant tandis que d’autres se l’approprient. Il est fréquent que les officiers l’emploient dénotant ainsi la distance qui les en séparent. Plus généralement, le terme semble employé indifféremment, comme synonyme de soldat.

 

2 janvier

Relève* des tranchées*

Je me lève tard après avoir constaté toute la matinée que le calme se maintient malgré le jour. Sans doute les boches sont-ils à bout de souffle et les pertes leur donnent-elles à réfléchir. En tout cas, nos pertes sont lourdes également et plus d’un des nôtres qui croyait voir l’année 1915 dont on était si près ne l’aura pas vue : tel le pauvre Louis, mon cousin, dont je pleure la mort, n’ayant aucune confiance qu’ils soit blessé prisonnier. J’attends le repos d’ailleurs pour voir des hommes de la 8e et tâcher d’avoir quelques détails.

Vers 10 heures, le capitaine Sénéchal dit à l’adjudant Gallois que nous serons relevés ce soir. Celui-ci nous annonce la bonne nouvelle : c’est un soulagement général. Nous passons donc une journée meilleure, quoique pluvieuse car la délivrance de ce mauvais coin ne va pas tarder à sonner pour nous.

La majeure partie du temps se passe dans l’abri, car dehors il pleut sans discontinuer. Malgré quelques gouttes qui filtrent çà et là dans le gourbi*, nous sommes quand même à sec.

Le calme continu aussi bien dans l’après-midi que dans la matinée et vers 4 heures il m’est donné de partir avec les 3 autres fourriers, Menneval, Sauvage et Paradis faisant fonction. À part quelques balles et quelques obus qui nous rappellent que 1915 n’a pas encore amené la fin des hostilités, c’est la tranquillité qui suit les grandes batailles. Par contre le chemin est des plus sales, tandis que la pluie fine continue à tomber. Enfin après avoir pataugé sur un parcours de 1500 m, nous arrivons dans la Harazée, par le château. À la Harazée, faisant comme toujours les fonctions d’adjudant de bataillon, je rassemble les caporaux d’ordinaire et les cuisiniers non sans mal et leur crie « rendez-vous à Florent ! ». Je retrouve Gauthier et Jombart, et ensemble nous filons vers la Placardelle. Grâce au clair de lune, nous pouvons nous diriger facilement. Du haut de la côte de la Harazée, les 75 tonnent sans discontinuer. Les obus allemand rappliquent et c’est au pas de course que nous traversons la zone dangereuse.

Batterie de 75 dissimulé APD0000491

Batterie de 75 dissimulée – 1915.07.16 ©Ministère de la Culture

Nous voici dans la Placardelle où nous ne nous arrêtons pas, car les obus arrivent également de ce côté. Le village est mort d’ailleurs ; aucune âme qui vive ; et les maisons sont dans un état lamentable ; les obus pleuvent sur le hameau que l’ennemi croit sans doute cantonnement de troupes.

Voici la cote 211 ou quelques balles suivent. Une fois cela passé, on peut se juger sauvé. Alors seulement nous nous décidons à faire une première pause. La pluie a heureusement cessé de tomber. Les cuisiniers nous rejoignent avec le bruit significatif des marmites. Nous repartons aidés toujours du clair de lune ! Une nouvelle pause au parc d’artillerie et nous arrivons. Nous parlons à quelques artilleurs et leur racontons l’odyssée de notre séjour dans le bois ; en retour ils nous disent que de l’artillerie lourde est ici en quantité ; 120 long et court et 155 long. Le 155 tire à 15 km.

Camp des Hauts Bâtis, canon de 120 de long en action - 1915.07.16 ©Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN

Camp des Hauts Bâtis, canon de 120 de long en action – 1915.07.16 ©Ministère de la Culture

batterie 155 APD0000527

Batterie de 155 – 1915.07.16 ©Ministère de la Culture

Voici Florent. Une nouvelle pluie nous reçoit. Qu’importe ! Nous sommes tout à la joie d’être arrivés. À l’entrée nous rencontrons un bataillon du 120e, le bataillon qui doit relever le nôtre : nous avons donc bien le temps de faire un cantonnement potable, car le bataillon n’arrivera ici qu’au petit jour. Pourvu que nous ayons une belle rue.

Je me rends au bureau de la place à la mairie.

La fontaine sur la grande place - 1915.11 ©Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN

Florent, mairie (à gauche) et fontaine (au centre) sur la grande place – 1915.11 ©Ministère de la Culture

Là on me dit que le cantonnement est déjà fixé et qu’il me faut aller voir le chef de corps du 147 qui se trouvent au point N (voir topo Florent tome IV, l’ancien PC du capitaine Aubrun et du bataillon à l’un de nos séjours ici).Plans Florent

Je m’y rends donc aussitôt suivi de Jombart et des fourriers. Je sonne ; on m’ouvre ; je rentre dans une pièce où se trouvent les secrétaires du colonel, le sergent Pécheur à leur tête. Le capitaine de Lannurien, adjoint au colonel ne tarde pas à arriver d’une chambre à côté. Je le salue, lui demande le cantonnement et lui raconte certaines choses de l’attaque, la mort du lieutenant Régnier, l’État des 7e et 8e compagnies. Il ouvre grand les yeux, car il ne sait rien et va chercher le commandant Desplats. Celui-ci arrive et me demande force détails que je lui donne du mieux que je puis. Il écoute de toutes ses oreilles, abasourdi et furieux déjà que le commandement ne lui ait rien dit, furieux aussi qu’on se soit permis d’abîmer ainsi un de ses bataillons et d’avoir fait tuer ses officiers. À la fin il me serre la main, me traite ainsi que mes amis « de braves » et malgré la pluie sort avec nous pour nous montrer notre cantonnement, « le meilleur du village » dit-il. En effet, c’est la rue Dupuytien [en vert sur le plan]. Le cantonnement est facile à faire puisque nous y avons déjà logé. Le commandant nous invite, comme un vrai père, à nous caser rapidement, à faire du feu etc.…

Il nous demande si cela ira ; on sent que les nouvelles ont suscité chez lui de la pitié pour nous. Sur notre affirmative que tout ira bien, il s’en va.

Les cuisiniers se placent donc aux coins indiqués. Le caporal fourrier Jamesse de la 5e qui est avec les cuisiniers à la Harazée durant les séjours aux tranchées avec le caporal d’ordinaire Delbarre, arrive et fait le cantonnement des officiers et des sections.

Campement militaire : les cuisines - 1915.07.18 ©Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN

Florent, campement militaire : les cuisines – 1915.07.18 ©Ministère de la Culture

Quant à la liaison du bataillon, je l’installe dans la maison que nous occupions lors de nos séjours dans cette rue. Gauthier fait aussitôt du feu. Je m’installe, attendant, afin de sécher un peu mes effets au coin du foyer. À plusieurs reprises, Jamesse me demande des renseignements : de guerre lasse, je sors et loge les officiers dans les demeures qu’ils ont occupées ; le débit de tabac pour le capitaine, une demeure voisine où se trouve une vieille personne seule pour le sous-lieutenant Vals et la popote. Je profite de ma sortie pour rentrer chez un vieillard qui n’est pas encore couché, le père Louis, connu du quartier pour sa forte surdité : je m’empare d’une chambre où je vais loger l’adjudant Culine et le sergent major Lannoy.

À mon retour au coin du feu, je trouve Jombart qui me dit avoir déniché une chambre pour Gallois et moi. Je vais voir et trouve une chambre vaste et propre avec un large lit et des draps. Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, je dis à Jombart de se coucher jusqu’au lendemain matin. À l’arrivée du bataillon Gallois et moi nous lui succéderons. Un lit avec des draps, si coucher déshabillé : une fortune, le bonheur ! La joie, l’expectative me rendrait fou, moi qui n’ai pas eu cela depuis 4 mois. Ainsi dit ainsi fait.

Je rentre donc boire le café préparé par Gauthier, place mes bagages dans un coin car je ne veux apporter tout cela dans la chambre que Gallois, Jombart et moi occuperons en catimini. Puis sur une chaise, près du feu, je somnole attendant le bataillon. Il est 11 heures. Celui-ci n’arrivera jamais ici avant 4 heures.

Le capitaine sénéchal comme toujours est logé au presbytère.

Tour de l'ancien Château

Le presbytère pourrait (?) être, selon le plan d’Émile Lobbedey, la maison de droite sur cette carte postale.

31 décembre

Nous sommes réveillés en sursaut. Une fusillade sans pareille crépite du côté des 7e et 8e compagnies. Il fait petit jour. L’artillerie ne tarde pas à faire un barrage de feu et d’acier, mais rien n’y fait. Durant une heure la fusillade fait rage.

Vers 7h30 cela se calme un peu pour reprendre bientôt de plus belle. J’interroge les téléphonistes : ils ne savent rien, la ligne est coupée avec 7 et 8. Quant à 5 et 6 d’où l’ennemi est assez éloigné, on n’y veille, mais tout est calme.

Vers 9 heures nous voyons passer des blessés qui descendent des tranchées pour se rendre à La Harazée. Certains nous disent que les boches ont attaqué ce matin à coups de bombes, mais qu’ils ont été repoussés. Nous avons eu beaucoup de pertes de notre côté.

Vers 10 heures le lieutenant Péquin passe conduit par 2 hommes. Il a toute la figure en sang et une partie de la mâchoire enlevée par une bombe. Le sous-lieutenant Monchy a pris le commandement de la 7e compagnie.

Il peut être midi quand la fusillade cesse tout à coup. Qu’est-ce ? Nous nous équipons et nous tenons prêts à toute éventualité. Le colonel du 120e passe rapidement : nous ne nous montrons pas.

Le calme continue, tandis que bon nombre de blessés passe sans cesse allant vers les postes de secours qui se trouvent non loin de nous et ensuite La Harazée.

Cela tient jusque 2 heures ; nous commençons à respirer. Je vais au téléphone où mes amis qui ont réparé la ligne sont aux écoutes et entendent les conversations téléphoniques du colonel du 120e dont nous dépendons.

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Celui-ci se trouve au poste du capitaine Sénéchal, poste de la 8e compagnie et communique avec la brigade qui se trouve à La Harazée. Il faut que nous contre-attaquions afin de déloger l’ennemi qui a attaqué ce matin et doit être affaibli par ses pertes. La séance ne va donc pas tarder à recommencer. En effet.

Vers 3 heures, les balles sifflent à nos oreilles, la fusillade crépite de nouveau, le 75 donne. Nous attendons durant une heure dans la plus grande anxiété. Réussira-t-on ou non, à déloger l’ennemi de la position qu’il occupe ?

Le sous-lieutenant Monchy passe blessé. Il s’arrête un instant, il n’est que blessé assez légèrement au bras droit. Il nous dit que l’attaque n’a pas réussi ; que les sections sorties sont rentrées décimées par les mitrailleuses. On repousse en ce moment une contre-attaque ennemie qui se déclenche à son tour. Nos pertes sont énormes. Le lieutenant Régnier s’est fait tuer bravement à la tête de la 8e compagnie. Toutes ces nouvelles nous consternent, tandis que l’officier file rapidement vers le poste de secours.

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C’est de nouveau un défilé de blessés qui nous disent tous que c’est un enfer là-haut. Nous apprenons certaines morts : celle de bon nombre de sergents de la 7e ; Bréner reste, il a pris le commandement de la compagnie ; celle du sergent Major de Brésillon [2] de la 8e, le chef de la section où se trouve mon cousin. Du coup, à tous je m’informe du sort de mon parent. Personne ne sait me renseigner. Un blessé me dit que 4 hommes seulement sont revenus de cette section. Je vois le sergent Tercy de la 7e un brave qui passe blessé.

Là-haut la fusillade fait toujours rage. Le capitaine Sénéchal me fait dire de lui envoyer rapidement des tas de munitions. Nous trottons tous vers le gourbi du génie qui se trouve à 200 m ; les balles sifflent en grand nombre ; des obus tombent nombreux, mais 250 m trop longs heureusement. Nous filons charger de bombes et de cartouches vers la 8e et la 7e conduits par Sauvage et Paradis.

Après mille péripéties, je rencontre l’adjudant Gallois. Celui-ci a donné des ordres et aussitôt les hommes pillent littéralement les sacs de munitions.

Je demande à tous des nouvelles de mon cousin : on me répond que la section de Brésillon n’existe plus. Que c’est consolant ! Mon opinion est que la mort a fait une victime.

Gallois me dit que le capitaine Sénéchal ne voulait pas donner l’ordre de charger, sachant que c’était un arrêt de mort ; il s’y est vu forcé par le commandant Desplats, et ne donna l’ordre que les larmes aux yeux.

Jamais, non jamais, on ne saura quel cœur d’or palpite dans la poitrine de notre commandant.

Je rentre à mon poste dans l’obscurité après avoir eu l’assurance de Gallois qu’on n’avait pas besoin de moi. « Charge toi du ravitaillement et remplacement dans les communications avec la 5e et 6e compagnie ». Me dit-il en partant. J’ai donc un rôle assigné et la conscience en repos.

La fusillade a cessé. On a gardé ses positions de part et d’autre à part quelques éléments où les boches ont réussi à progresser. Gauthier et Jombart s’amènent. Ils nous disent qu’à La Harazée ils ont subi toute la journée un formidable bombardement. Nous avons grand travail à les mettre au courant de tout ce qui s’est passé durant la journée.

On mange et je me couche car les émotions et les deuils successifs m’ont abattu. Je songe avec peine à mon cousin dont le sort m’est inconnu. Est-il tué, est-il blessé, est-il prisonnier ?

René en s’étendant à mes côtés me souhaite avec un sourire qui en dit long sur nos misères « une bonne et heureuse année ». Marcel Maistriaux_0019C’est vrai, je n’y pensais pas : demain 1915. Mon cousin [1] n’aura pas vu la nouvelle année. Oui, triste fin d’année et triste début d’une année nouvelle teintée de sang déjà.

Nous ne pouvons presque fermer l’œil. À tout instant de courte fusillade éclatent accompagnées d’éclatement de bombes. Nous prenons donc le parti de veiller et de nous tenir prêts en cas d’alerte.


[1] Louis LOBBEDEY : décédé ce 31 décembre 1914 selon le récit de son cousin Émile.FicheMDHarchives_H300480RCR-Louis-Lob_0152 CR2-Louis-Lob_0152C_G1_E_13_01_1381_0121_0Extrait de : Les archives historiques du CICR, http://grandeguerre.icrc.org/fr

[2] de Brésillon : Sergent major (Jolly) de BRESILLON, Georges, comme l’atteste sa fiche Mémoire des Hommes.Fiche MDH-archives_G270252R